Retour d’expérience de Guillaume Barraud sur son tour de la Corse à vélo, réalisé en juin 2017.

Salut Guillaume ! Pourquoi avoir choisi la Corse à vélo ?

La Corse est une destination qui répondait à ce que je cherchais pour un voyage à vélo. Tout d’abord la découverte d’endroits dépaysants. La Corse offre de magnifiques paysages, et d’une grande variété. Son qualificatif d’« Ile de beauté » n’est pas galvaudé.

La mer et la montagne se côtoient en permanence, ce qui offre de sublimes panoramas. Parmi mes inspirations, il y a un de mes amis qui l’avait fait quelques années auparavant, et aussi d’avoir vu y passer le tour de France en 2013, avec des images splendides.

Ensuite, mon activité salariée ne me permettant pas de partir pendant plusieurs mois, je cherchais une destination qui puisse être visitée en une dizaine de jours. De par sa taille, la Corse garde une dimension « cyclable ». Et puis le côté « tour de », particulièrement adapté aux îles, me plaît bien. L’idée métaphorique qu’en faisant le tour géographique on puisse y faire le tour du sujet (même si, au final, je n’ai pas fait une réelle boucle).

Tour de Corse à vélo de Guillaume Barraud

Enfin, je cherchais aussi un terrain de jeu pour me faire plaisir d’un point de vue sportif. La Corse offre des profils variés, avec des dénivelés intéressants. Les ascensions sont en général plus longues que pentues (même si le col de Bavella est l’exception qui confirme la règle). Et puis on peut dans la même journée, longer la côte sur des portions assez plates puis enchaîner avec des profils pentus à l’intérieur des terres.

Pour finir, côté climat, la Corse offre des garanties, notamment à l’époque à laquelle je suis parti (juin).

Tu es parti seul ? A quelle période de l’année ? 

Avec un ami, nous avons l’habitude (c’était la 3ème fois) de partir chaque été pour une semaine de vacances sportives, au départ pas forcément axées autour du vélo. Après avoir gravi le plateau de Beille dans les Pyrénées en 2015, puis le Mont Ventoux et fait un petit tour du Lubéron en 2016, la Corse était réellement notre premier voyage 100% vélo.

Par ailleurs j’avais rallié Paris à Londres en solo en Novembre 2016 en suivant l’« avenue verte » (une suite de pistes cyclables entre les deux capitales). Ce n’était donc pas ma première sortie à vélo, mais bien le plus long périple sur lequel je m’engageais. Nous sommes partis début juin.

Comment as-tu préparé ton voyage ?

Une fois la destination choisie, les 2 questions que nous nous sommes posées en premier lieu et qui allaient conditionner notre trip ont été les suivantes :

  • Hébergement chez l’habitant ou en autonomie ?

Nous avons opté pour des locations genre Airbnb, pour le côté pratique. On souhaitait que cette aventure reste avant tout des vacances pour nous et souhaitions ainsi pouvoir laisser nos affaires en lieu sûr en fin de journée pour aller à la plage ou découvrir la ville où nous séjournions. Aussi, un voyage en autonomie nécessite un autre niveau de préparation et d’investissement (tente, camping…) que nous n’étions pas forcément prêts à investir pour un voyage relativement court.

A posteriori je pense que c’est un bon compromis pour une première expérience de cyclo et je le conseille à celles et ceux qui hésitent à se lancer dans ce type d’aventure.

Rester assis sur une selle 8h par jour est déjà un challenge en soi, enchaîner avec une nuit en tente augmente encore le niveau d’aventure d’un cran. Sans se fixer d’objectif trop ambitieux, qui nous aurait peut-être dégouté des vacances, cela nous a permis de découvrir notre capacité à supporter ce type de voyage. Cette étape étant maintenant acquise, qui sait, partirons-nous en autonomie la prochaine fois !

  • Louer un vélo sur place ou voyager avec le nôtre ?

Au départ j’avais plutôt en tête de ramener mon vélo (depuis Paris), déjà parce que j’en avais un, donc je trouvais ça inutile d’en louer un autre ; d’autre part pour la valeur sentimentale que j’attache à mon vélo. Je souhaitais vivre cette aventure avec ce compagnon qui m’avait déjà supporté sans faille lors de mes précédents périples.

Mais finalement je me suis laissé convaincre de louer un vélo sur place, pour des raisons pratiques et économiques. En effet nous avons trouvé un service de location plutôt bon marché (de mémoire, ~200€ au total pour la semaine) et qui permettait de louer le vélo (tout compris) à Bastia pour le rendre à Ajaccio. Comparé aux suppléments demandés pour le transport de vélo par avion et à la tranquillité d’esprit, je pense que c’était in fine la bonne solution.

Une fois ces deux questions tranchées, il ne nous restait plus qu’à définir notre parcours. Nous avons identifié certains spots, certaines villes par lesquels nous souhaitions absolument passer, et notre itinéraire s’est naturellement dessiné ainsi.

Ensuite, j’ai lu pas mal de retours d’expérience de cyclos ayant fait le tour de Corse (notamment celui de Damien sur ce site), mais plus par impatience de découvrir ce qui nous attendait que par besoin de préparation. Je pense que trop de préparation nuit à l’effet de surprise une fois sur place.

Peux-tu nous décrire ton itinéraire en détails ? 

Itinéraire Corse à vélo de Guillaume Barraud

Nous avons parcouru environ 660 km en 7 jours (47h de vélo cumulées) entre Bastia et Ajaccio, avec au total 12 000 mètres de dénivelé positif. Nos ville-étapes ont découpé ce parcours en journées pas forcément égales.

Les 4 premiers jours dans la partie Nord nous tournions autour de ~110km et +2000m par jour tandis que les 3 derniers dans le sud étaient plus cool avec ~70km et +1000m en moyenne.

Pour ce qui est du niveau de difficulté, c’est forcément relatif en fonction du niveau de chacun, ce qui est sûr c’est que, même si les rendements des revêtements sont inégaux, les routes sont généralement de bonne qualité et les paysages magnifiques. Il suffit donc de lever la tête du guidon pour s’alléger la tête et les jambes.

Pour notre part nous étions aussi à la recherche de l’effort physique, d’une part pour le challenge personnel, mais aussi parce qu’en général, le niveau de difficulté est corrélé à la splendeur des paysages.

Il n’y a qu’une portion de route qui était vraiment compliquée, entre Galéria et Ota. Nous avions eu écho de cela mais avions décidé de la prendre malgré tour car ces mêmes témoignages insistaient sur la beauté de la côte depuis cette route. Et en effet, nous n’avons pas été déçus.

Le détail de notre parcours par jour :

  1. Bastia -> Calvi

Nous avons coupé à travers le Cap Corse (par contrainte de temps plus que par volonté), en franchissant une première difficulté. Ensuite nous avons longé la côte en passant par l’île Rousse jusqu’à Calvi, sur un parcours plat et roulant.

Ile rousse à vélo

Ile rousse Corse

L’île Rousse

  1. Calvi -> Piana

Au départ de Calvi, nous sommes montés à Notre-Dame de la Serra (une montée courte mais très pentue, avec des passages à 20%), puis nous avons continué à longer la côte jusqu’à Porto sur un parcours vallonné, avant de remonter jusqu’à Piana. La montée vers Piana est magnifique, bien qu’assez exigeante.

La baie de Calvi, depuis Notre Dame de la Serra

Corse à vélo : la baie de Calvi, depuis Notre Dame de la Serra

  1. Piana -> Corte

Il est plus facile de redescendre de Piana que d’y monter. Au petit matin, les falaises ocres étaient splendides. Ensuite nous sommes rentrés à l’intérieur des terres avec l’ascension du col du Vergio, (très) longue mais aux pourcentages abordables. La descente vers Corte est presque trop rapide pour prendre le temps de contempler les paysages.

Piana vélo Corse

Ascension du col de Vergio Corse

Au sommet du col du Vergio

Vue sur le rocher de Corte

  1. Corte -> Quenza

L’étape la plus longue et la plus difficile de notre périple. Après 90 bornes de descente et de plat jusqu’à Solenzara (côte Est), nous bifurquons à nouveau vers le centre de l’île. Commence alors l’ascension du col de Bavella. Je ne sais pas si c’est à cause des kilomètres déjà parcourus ce jour, mais du souvenir que j’en garde, c’était l’ascension la plus exigeante de notre voyage. Des pourcentages élevés sur une route exposée où l’on n’est jamais à l’ombre. Personnellement, elle m’a fait bien mal aux jambes !

Col de Bavella Corse à vélo

  1. Quenza -> Bonifacio

Etape plus courte et plutôt plate mais rendue difficile par le fort vent qui soufflait. C’était vraiment utile d’être à deux ce jour-là, pour se relayer et s’abriter régulièrement derrière l’autre. Après avoir déjeuné rapidement à Porto-Vecchio, nous avons repris la route pour Bonifacio. Les bourrasques nous ont freinés jusqu’à notre arrivée à Bonifacio, la pointe sud de l’île.

Le lendemain matin, le calme était revenu sur Bonifacio

  1. Bonifacio -> Propriano 

Nous sommes remonté vers Ajaccio en longeant la côte Ouest suivant un parcours vallonné. Passés par Sartène, nous y rencontrons un n-ième buste de Pascal Paoli.

Propriano Corse

  1. Propriano -> Ajaccio

Là encore une étape plus courte que les premières où nous longeons plus ou moins la côte, avec un profil plus exigeant que la veille. Mais au 7ème jours nos organismes commencent à s’habituer à l’effort. Nous regagnons Ajaccio dès le début de l’après-midi et pouvons profiter de la plage et de Roland-Garros tranquillement avant notre retour vers la métropole.

Guillaume Barraud voyage Corse vélo

Quelle est la partie que tu as préférée sur ton parcours ?

De manière générale, la côte Ouest est bien plus agréable que la côte Est, que nous avons évitée au maximum. D’un point de vue vélo, je retiendrai ce passage entre Galéria et Ota, la montée et l’arrivée à Piana, difficile mais sublime, où la route se créée littéralement un chemin au milieu des falaises ocres. La longue mais douce montée du col de Vergio, puis la sublime descente vers Corte en longeant un cours d’eau.

D’un point de vue purement touristique ensuite, j’ai été déçu par Porto-Vecchio et Bonifacio, trop touristiques, même pour un début juin. A contrario j’ai préféré la tranquillité de Propriano, Piana ou Quenza, chacune dans son style.

Un voyage en Corse à vélo, ça coûte combien ?

Je n’ai pas tenu de compte précis, mais nos principaux postes de dépense ont été l’avion pour s’y rendre (de mémoire environ 200€, pour Paris-Bastia à l’aller et Ajaccio-Nantes au retour), ensuite la location du vélo (~200€ tout compris), et l’hébergement (environ 20€ par nuit par personne, hormis à Bonifacio où les logements étaient vraiment hors de prix). Pour ce qui est de la nourriture, en général on préparait les sandwichs la veille pour le midi et on s’offrait un restaurant le soir.

Tout cela est assez personnel et je ne doute pas qu’il soit très possible de faire le même parcours avec un budget différent.

Peux-tu nous décrire ton équipement vélo ? et ce que tu en as pensé ? 

J’avais un Scott Solace, vélo de route dont j’ai été très satisfait. Nous n’avons eu aucun souci mécanique durant notre périple. Le service de location mettait à notre disposition, au-delà du simple vélo, le casque, les sacoches et la trousse de secours en cas de pépin mécanique.

Guillaume Barraud récit Corse à vélo

Comme évoqué plus haut c’était un choix pas facile de ne pas partir avec mon propre vélo, mais le rapport qualité-prix de ce service était bon, une fois pris en considération les coûts induits par le transport du vélo par avion et autres aspects pratiques (notamment le fait que je ne rentrais pas directement à Paris après le voyage).

Un conseil pour les cyclotouristes qui prépareraient un voyage en Corse à vélo ?

Bien choisir la saison de son voyage. A la fois pour le climat, mais aussi par rapport au tourisme. Le début du mois de juin était vraiment idéal pour cela. Il m’a été dit que l’été était vraiment trop chaud pour faire du vélo, qui plus est lorsque l’on connait les efforts induits par les reliefs corses. Côté tourisme nous n’avons pas été gênés, mais là encore j’ai eu écho de l’affluence des mois de juillet août, et en conséquence du nombre de voitures sur les routes. Déjà aux abords des villes du sud (Porto-vecchio, Bonifacio) on pouvait le sentir.

3 raisons selon toi de choisir la Corse comme future destination à vélo ?

  • La splendeur et la variété des paysages
  • Le relief de l’île, formidable terrain de jeu pour le vélo
  • La proximité. Bien qu’insulaire, la Corse est à moins de 2h de Paris en avion

Ton prochain voyage à vélo, c’est pour quand ? et où ?

J’ai plusieurs idées en tête, dont certaines encore embryonnaires et qui n’aboutiront peut-être pas. Une balade d’Orléans jusqu’à Nantes pour découvrir les châteaux de la Loire ; dans la même idée « tour de » que la Corse, les îles Féroé, bien que plus difficiles d’accès, ont a priori des paysages tout aussi splendides ; ou encore la Pamir highway entre Tadjikistan et Kirghizistan qui me fait rêver.


Merci à Guillaume d’avoir répondu avec enthousiasme à toutes nos questions ! On a hâte qu’il nous raconte ses prochains voyages à vélo, aux îles Féroé ou sur la Pamir highway !

Et vous, ça vous dirait de partir partir à la découverte de la Corse à vélo ? Vous avez peut-être déjà parcouru cette île à vélo ? Dites-nous tout en commentaire de cet article !

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