Notre traversée du sud du Japon à vélo

Nous sommes Thomas, Matteo et Loïc, nous avons traversé la moitié sud du Japon à vélo.

Pourquoi le Japon à vélo ?

Le Japon figure dans la catégorie des pays « faciles » à vélo et le côté logistique n’est pas difficile.

Loïc : Matteo avait d’abord pour projet personnel ce voyage à vélo au Japon, il a toujours voulu visiter ce pays, c’était un rêve de gosse, il était aussi motivé par les paysages vus à la télé ou sur internet. Par peur de s’ennuyer seul sur une distance pareille, il m’a invité car il savait que j’étais intéressé par ce voyage, j’ai tout de suite accepté. Nous avons par la suite discuté de la possibilité d’un trio puis nous avons invité Thomas.

Matteo : Le Japon figure dans la catégorie des pays « faciles » à vélo et le côté logistique n’est pas difficile. Pas de visa, pas de problème d’insécurité, routes en très bon état, tous genres de produits disponibles en vente partout, bonne hygiène générale… il suffit juste d’un billet aller-retour et on peut imaginer toute la suite sur place.

Le Japon aussi pour son atmosphère de bout du monde…

Thomas: L’Asie est un continent que j’ai toujours voulu visiter sans en avoir l’occasion, quand l’opportunité s’est présentée je n’ai pas pu la laisser filer. Je pense que si Matteo m’avais proposé une autre destination je n’y serai pas allé, c’est vraiment l’idée de voyager au Japon qui m’a motivé.

 

C’était votre premier voyage à vélo ?

Loïc : C’était le troisième voyage à vélo de Matteo, mon deuxième et le premier de Thomas. Nous avions fait Paris-Amsterdam sous la neige en 2016 avec Matteo. Et le premier voyage de Matteo était la côte nord de la Norvège jusqu’à Nordkapp.

 

Comment avez-vous préparé votre voyage à vélo au Japon ?

C’est ça la magie du voyage à vélo lorsque le temps n’est pas compté. On change de route au gré des rencontres et de nos envies.

Loïc : Nous avons utilisé deux choses pour préparer notre voyage : un guide Little Planet Japon et internet. Google Maps, des recherches classiques et les réseaux sociaux nous ont aidés. Nous avions, avant de prendre l’avion, une idée globale de notre itinéraire mais une fois sur place, on décidait du jour au lendemain du chemin exact que l’on allait emprunter, voire même sur le moment présent nous pouvions faire un détour ou changer de destination.

Matteo : Une partie de la préparation s’est faite en amont, en particulier pour le matériel, mais beaucoup de décisions ont été prises sur place. C’est ça la magie du voyage à vélo lorsque le temps n’est pas compté. On change de route au gré des rencontres et de nos envies.

Pouvez-vous décrire votre itinéraire ? Combien de km au total ? Quelle difficulté ?

Itinéraire voyage vélo Japon

Loïc : Nous avons roulé 2600km au total. Le niveau de difficulté était facile/moyen tout le long des côtes mais dès que nous rentrions dans les terres, ça tendait plus vers le moyen/difficile. Les deux moments les plus éprouvants pour moi ont été les Alpes japonaises autour du mont Norikura et l’ascension + descente du mont Fuji (car il faut faire la première moitié de l’ascension à vélo puis la deuxième à pieds, pareil pour la descente, la descente à pied était tétanisante pour les muscles).

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Matteo : L’idée de l’itinéraire, partant de Fukuoka et arrivant à Tokyo, était de passer par les villes incontournables puis en sortir et traverser la campagne, la côte et la montagne. Voilà pourquoi nous nous sommes retrouvés à serpenter dans le Sud du Japon. Si l’on va tout droit entre Fukuoka et Tokyo (ce qui divise la distance parcourue par 2) on se retrouve dans une suite de villes pas très plaisantes à faire à vélo.

Pareil que Loïc, mes jambes se souviennent encore des Alpes Japonaises ! Ça n’avance pas là dessus… mais quel spectacle.

Thomas: Un itinéraire entre la mer et les montagnes, pour moi c’était un rêve éveillé. Je ne pensais pas qu’on allait autant serpenter, on a largement dépassé les prévisions que nous avions faites en kilomètres mais c’était un bonheur et nous ne le regrettons absolument pas. Plus l’on faisait de détours, plus l’on croisait de paysages magnifiques sans forcément s’y attendre.

Mer Japon à vélo

Combien de km faisiez-vous par jour ?

Loïc : Je pense que la moyenne kilométrique par jour n’est pas une donnée importante dans un voyage à vélo car si deux villes que l’on veut visiter sont proches, on ne va pas faire un détour inutile ! Par exemple, entre Kobe et Osaka il y a 30km. Le minimum a donc été 30km et le maximum 160km avec je pense une moyenne de jours roulés de 90km.

Matteo : Tu as tout dit Loïc ahah !

Quelle est la région que vous avez préférée à vélo ?

Loïc : Personnellement la région que j’ai préférée est la région des Alpes japonaises ainsi que les villes de la face ouest des Alpes, dont Takayama.

Matteo : Le Sud de l’île d’Honshu et le Nord de Kyushu ont été de bons souvenirs. Shikoku aurait pu figurer en région préférée mais nous avons eu un temps couvert et pluvieux là bas donc ça biaise un peu l’avis.

Thomas: Fukuoka est indéniablement la ville que j’ai préférée au Japon pour plusieurs raisons. C’est une ville à taille humaine, il est possible d’en visiter une grande partie et on est pas obligé de se référer à des guides pour voir les incontournables et laisser le reste de côté. En plus c’est très éloigné des circuits touristiques « traditionnels » japonais donc nous étions presque les seuls étranger de la ville et on croisait très peu de gaijin. Les gens étaient très ouverts et à l’écoute, une ambiance que je n’ai pas retrouvée à Tokyo par exemple.

J’ai également adoré Shikoku, la nature y était vraiment surprenante, les cours d’eau dans les montagnes étaient époustouflants et on pouvait surfer sur la côte, pour moi qui surf beaucoup c’était le paradis!

Cascade Japon

Quels ont été les plus beaux points du parcours ?

Loïc : De mon point de vue je dirais la route du mont Sasagamine dans les montagnes centrales de Shikoku, la route du mont Norikura, la ville très séduisante de Hagi et le mont Fujiyama, c’est vraiment personnel, comme vous pouvez le constater, j’adore la montagne !

Matteo : J’ai adoré la route 2 le long de la côte qui traverse Nagato, Hagi et passe devant Tsunoshima. De même pour la route côtière au Nord de Kyoto après le lac Biwa. On traverse des petits villages de pêcheurs et le trafic est faible. Que du plaisir. Sur Honshu, la côte donnant sur la mer du Japon est généralement moins industrialisée et bétonnée que celle donnant sur le Pacifique.

Thomas: J’ai adoré la première route que nous avons prise en partant de Fukuoka, une piste cyclable qui longeait les plages avec une vue sur la mer constante sans aucune voiture c’était le top!

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Que diriez-vous de l’accueil des Japonais le long du parcours ?

Loïc : Extraordinaire, si je devais le dire en un seul mot. 110 millions de rencontres, comme le titre du film monté par Matteo. Pour vous donner une idée, nous nous apprêtions à dormir sous un abri devant un supermarché vers Muroto sur l’île de Shikoku et alors que nous sortions nos sacs de couchage, une femme que j’observe de l’autre côté de la route sort de chez elle, s’approche de nous et nous demande en toute simplicité si nous acceptons de dormir chez elle. C’était une magnifique rencontre avec elle et sa famille. Ils tiennent une usine familiale de gâteaux de poisson, nous avons eu le droit d’y goûter au petit-déjeuner, c’était génial.

Matteo : Inattendu. Des deux côtés. Les Japonais nous ont dit qu’il n’était pas courant d’accueillir un voyageur japonais. Peut être que ces derniers osent moins que les étrangers. En tout cas nous avons été surpris plus d’une fois par le nombre de choses à boire et à manger qu’on nous a gracieusement offert, les invitations à dormir même lorsqu’il s’agissait d’une auberge habituellement payante et la curiosité des gens en dehors des grandes villes. Je me souviendrai longtemps de la réaction de chaque local rencontré lorsqu’on lui disait qu’on pédalait jusqu’à Tokyo !

Thomas: Un accueil extraordinaire, surtout dans les campagnes, des personnes qui n’avaient presque rien et qui voulaient tout nous donner. J’aimerais beaucoup pouvoir rendre un jour tout ce qu’on nous a donné là bas.

Je pense que notre âge a joué, les jeunes japonais sont très couvés par leurs parents et en voyant des jeunes de notre âge s’embarquer dans une telle aventure, ils avaient du mal à y croire. On était vraiment accueilli comme si on était les enfants ou les petits enfants de la famille.

Vous vous organisiez comment niveau logement ?

Loïc : Alors, dès qu’on le pouvait, on dormait sous tente, sinon on cherchait soit du jour au lendemain soit le jour même sur Booking ou Airbnb un logement. Nous avons peu essayé Warmshowers ou Couchsurfing car les premiers essais n’avaient pas été fructueux et souvent quand on demande trop tardivement sur ces deux plateformes, on ne reçoit pas de réponse.

Matteo : Nous avons fait environ 1/3 chez les gens, 1/3 en camping sauvage et 1/3 en hôtel ou auberge. Le camping sauvage est facile dans les parcs publics, dotés de sanitaires et de points d’eau pour se laver. Chez les gens c’était beaucoup au feeling cependant ça demandait une présence de notre part pour partager notre expérience et veiller jusqu’à tard. Parfois nous avions besoin de nous reposer donc une recherche booking de dernière minute nous donnait des endroits sympas à prix cassés.

Un voyage au Japon à vélo, ça coûte combien ?

Loïc : Billets d’avion A/R à 560€ avec Cathay pacific (vélo en soute gratuit) + 1600€ pour absolument tout le reste.

Matteo : Même prix pour le billet d’avion, environ 1800€ pour tout le reste ce qui est convenable pour 40 jours au pays du soleil levant. On ne s’est jamais privé. Le restau le plus cher a coûté 12€ par personne et nous avions rempli la table de petits plats à deux reprises.

Nourriture japonaise pendant notre tour du Japon à vélo

Thomas: Avec un départ anticipé, 900€ avec souvenirs de valeurs compris. Nous avons peu fréquenté les restaurants touristiques qui sont cher, nous avons toujours cherché les petites adresses cachées dans les ville. Parfois la carte était entièrement en japonais mais on se débrouillait !

Quel équipement pour ce voyage à vélo au Japon ?

Le Japon à vélo

Loïc : Je suis cycliste avant d’être voyageur alors pour moi, c’est un vélo sur mesure fait par Belleville Machine à Paris, après étude posturale. Cadre et fourche en acier, groupe 105, moyeux 105 sur jantes H+son archetype. Sacoches de guidon, avant et arrière Ortlieb, super matos. Tente Décathlon 3 places, sac de couchage 15°C. Si c’était à refaire, je prendrais encore moins de choses, par exemple j’ai pris un livre que je n’ai pas eu le temps d’ouvrir, et moins de vêtements aussi. Un dérive chaine aussi haha ! Car j’ai cassé ma chaine j’ai dû en acheter un ! Et enfin, je prendrais un phare de vélo relié à une dynamo dans le moyeu pour rouler de nuit sans trop de danger.

Matteo : J’ai réutilisé pas mal d’équipement des précédents voyages et mis à niveau ce qui n’était pas étanche par ce qui l’est, indispensable lorsqu’on s’aventure dans un pays lors de la saison des pluies ! Les sacoches sur les roues permettent de garder les affaires générales et la sacoche guidon les affaires de valeur. C’est très pratique car lorsqu’on part faire les courses, on a juste besoin de prendre cette sacoche guidon pour ne pas prendre de risques. J’ai aussi amené du matériel photo qui prenait la taille d’une sacoche placée sur le porte bagage. Le plus pratique pour ce genre de voyage est de se munir de « pochettes séparatrices ». Elles permettent de différencier les affaires et de compacter chaque bloc. On gagne en temps et en volume!

Thomas: J’avais un vélo comparable à celui de Loïc mais de série. Un Genesis Croix de Fer. Et j’avais également les mêmes sacoches que lui également avec un sac de sport étanche en supplément.

Niveau vêtements, deux tenues de vélo et deux de ville et c’était parfait. Je soulignerai qu’il ne faut pas négliger la qualité de son cuissard car ça peut gâcher un voyage si on a tout le temps mal!

Vos souvenirs les plus marquants de votre voyage à vélo au Japon ?

Loïc : Le Fujiyama, sans hésiter, ainsi que cette famille à Muroto dont je vous ai parlé et le couple américano-japonais qui nous a accueillis et nous a fait passer une soirée inoubliable. Tard durant la soirée, ils nous ont laissé leur maison pour la nuit, encore vide de meubles, car ils venaient tout juste de l’acquérir.

Mont Fuji à vélo

Matteo : la première semaine à Fukuoka, on n’avait pas encore commencé le vélo mais j’étais complètement ailleurs. J’avais perdu mes repères, surtout lors des rencontres avec les gens. C’était la première fois que je me retrouvais dans cet état. Tous les éléments que j’identifiais au Japon depuis des années, qui semblaient lointains, apparaissaient enfin, en vrai, devant les yeux.

Thomas: Identique que Matteo, et passer presque une semaine dans la ville nous a vraiment permis de nous immerger dans la culture nippone. Nous avions un rythme de vie bien différent de celui nécessaire en voyage à vélo, c’était un petit peu des vacances repos avant le grand départ.

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Des grosses galères pendant ce voyage ?

Loïc : Non, j’ai cassé un rayon et une chaîne mais c’est tout pour moi !

Matteo : Pas de galère au niveau du matériel à part le crash du drone sur un arbre (mais c’était prévisible vu l’état dans lequel il était!). Il faisait bien chaud la nuit et ce n’était pas très agréable dans la tente mais on arrivait quand même à dormir ! La grosse galère a eu lieu à Yokohama, grande ville de la « banlieue » de Tokyo, lorsque j’ai mal interprété le message d’un local qu’on a vu là bas. Nous sommes allés dîner au resto puis il est rentré chez lui sans pouvoir nous accueillir, faute de place disponible. J’étais persuadé qu’il avait dit l’inverse… on s’est retrouvé avec Loïc à dormir dans cette grande ville où tous les hôtels étaient chers ou complets. On est parti dans le parc du centre de convention dans une fatigue la plus intense (la veille on avait grimpé le Mont Fuji à 100 bornes de là). Finalement un garde nous a viré à 4h du matin ! La banquette du Starbucks a servi de lit pour finir la nuit… mais cette galère restera une histoire marrante à raconter !

Thomas: Des galères j’en ai eu deux, l’inflammation du tendon de mon genou sur l’île de Shikoku qui m’a empêché de faire du vélo, j’étais vraiment énervé d’être blessé et de ne pas pouvoir pédaler toute la journée, on avais pris un super rythme que j’adorais. C’était vraiment frustrant…

Et sinon, sûrement l’épreuve la plus difficile de ma vie physiquement, transporter tout seul mon carton de vélo plein (30kg) avec en plus un sac à dos de 10kg sur 1,5 km à pied sous 35 degrés pour rejoindre le train qui va à l’aéroport.

Votre prochain voyage à vélo, c’est pour quand et où ?

Loïc : Ce sera sûrement à la Toussaint, je vais tenter Paris-Bordeaux en deux jours. L’été 2018 je ferai une partie de l’Europe tout seul, sûrement le Luxembourg, l’Allemagne, la République Tchèque, l’Autriche, l’Italie et la Suisse dans cet ordre. Et pourquoi pas le nord du Japon.

Matteo : Je ne sais pas… plein d’idées en tête. Le seul truc qui me retient pour pas mal de pays, c’est de devoir faire attention à mes affaires. J’aime bien laisser le velo avec la totale dessus et partir pour 20min faire autre chose sans le traîner avec soi ou dormir dans la tente en laissant les affaires dehors pour avoir plus de place. Bref trop d’idées pour me décider, on verra mais ce n’est sans doute pas le dernier !

Thomas: J’ai peur de ne jamais pouvoir recommencer, le diagnostic du médecin en France est le suivant: syndrome rotulien. La rotule n’est pas à sa place donc tenter un nouveau voyage, c’est presque à coup sûr retrouver le même problème après plusieurs jours de vélo d’affilée…

Un dernier mot pour convaincre de partir à la découverte du Japon à vélo ?

Loïc : Regardez le film ça vous donnera envie ! Les routes sont belles, les gens très accueillants et tout ce que vous devez savoir dire est Arigato gozaimasu et Seimasei!.

 

Matteo : Une formidable façon de voir les villes et ce qu’il y a entre les villes. Parcourir le japon en train nous amène d’un centre-ville à un autre centre-ville. Il faut ensuite sortir de chaque ville pour voir les environs et c’est chiant et cher. Or les côtes sauvages, les montagnes et la campagne sont de formidables coins du Japon. On peut y observer le contraste important avec les villes concentrées et tentaculaires. Un billet A/R, un vélo, un sac et le Japon est à vous !

Thomas: Les images dans le film parlent d’elles même alors que ça ne représente qu’une fraction de ce qu’on a pu voir… C’est une expérience gravée à jamais dans ma tête. Je retournerai un jour dans la campagne japonaise pour me remémorer cette folle aventure !

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Merci beaucoup Thomas, Matteo et Loïc d’avoir répondu avec enthousiasme à toutes nos questions ! Un super témoignage pour un voyage à vélo vraiment dépaysant ! Retrouvez des photos et vidéos du voyage sur le profil Facebook de Matteo.

Et vous, ça vous dirait de partir découvrir Japon à vélo ? Racontez-nous tout en commentaire de l’article juste en dessous !

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