Il y a quelques mois Pascal nous racontait son voyage à vélo jusqu’en Serbie, le long de l’Eurovelo 6. Grand cyclovoyageur, il est cette fois parti sur les chemins de Compostelle à vélo pour finalement rejoindre le Portugal, et nous raconte cette superbe expérience.
Pourquoi avoir choisi l’Espagne et le Portugal cette fois-ci ?
Trois raisons ont guidé ce choix de l’Espagne et du Portugal en 2017.
- Mon objectif est de parcourir et découvrir à vélo un maximum de pays européens.
- Après des randonnées très arrosées en 2016 en France sur la côte atlantique, en Belgique, au Pays-Bas et en Allemagne, je voulais rouler dans un pays où il fait beau. En presque un mois de randonnée, je n’ai eu qu’un jour de pluie, le premier au passage des Pyrénées.
- Je suis allé rendre visite à un ami de longue date qui retape son bateau à Lisbonne pour partir lui aussi à l’aventure.
Pouvez-vous nous décrire l’itinéraire de votre voyage à vélo en détails ?
J’ai parcouru 1650 km à vélo de St Jean Pied de Port à Huelva en Andalousie
J’ai parcouru 1650 km à vélo de St Jean Pied de Port à Huelva en Andalousie, en empruntant les chemins de Compostelle par Pampelune, Burgos, Zamora, Salamanque, puis, au Portugal, Castelo Branco, Santarem et Lisbonne.
Après Lisbonne, j’ai suivi la très belle côte portugaise, le long de l’Atlantique d’abord puis la Méditerrannée, avant de repasser en Espagne, en Andalousie, jusqu’à Huelva. Je suis remonté par des trains « Media Distancia », les TER espagnols, les seuls qui acceptent les vélos non démontés. Ils sont très confortables mais il ne faut pas être pressé : 4 jours pour rejoindre la France.
Détail de l’itinéraire :
St Jean-Pied-de-Port – Pampelune – Burgos – Zamora – Salamanque – Coria – Castelo Branco – Santarem – Lisbonne – Setubal – Sagres – Lagos – Faro – Huelva
Vous avez emprunté une partie du Camino Frances à vélo, quelles ont été vos impressions ?
C’est réellement une expérience et une découverte que de côtoyer la horde de pèlerins qui va à Compostelle. La plupart marche, formant un véritable défilé sur les 800 km du Camino Francés qui part de St Jean Pied de Port, et quelques uns, très minoritaires, le font à vélo. C’est une ambiance sur le chemin, avec un trajet ponctué de centaines de « Buen camino! » dans la journée, surtout quand on la passe à doubler les marcheurs, et c’est aussi une ambiance à l’étape, dans les dortoirs des auberges espagnoles et les restaurants qui affichent le menu « Spécial pèlerin ». Il y a aussi le rituel de la crédentiale, ce bout de papier qui ouvre les portes et que l’on fait tamponner lors des étapes et des visites.
On est saisi par le caractère international du pèlerinage. Les pèlerins viennent de presque partout dans le monde, d’Europe bien sûr, d’Asie, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Australie, etc. Les mois de mai et septembre, qui se situent en dehors des grosses chaleurs, sont les plus fréquentés et il faut jouer des coudes pour avoir de la place dans les auberges, qui ouvrent vers 16 h et où l’on ne réserve pas. Beaucoup démarrent ainsi chaque étape très tôt, dès 5h30 à la frontale…, pour arriver le plus tôt possible devant l’auberge, avant l’ouverture…
A vélo, on ne participe pas à cette ruée, ne serait-ce que parce qu’avec la tente, que l’on peut planter dans le jardin des auberges, on est toujours autonome. D’ailleurs il faut bien dire qu’à vélo on ne participe pas vraiment à l’esprit de Compostelle et à sa réputation de lieu de rencontres, de Meetic écolo… Les marcheurs sont ensemble pendant un mois, forment des groupes sur le parcours et rares sont ceux qui sont partis seuls et le restent…
A vélo vous êtes là pour quelques jours, vous faites 4 étapes de marche en une journée et chaque soir les gens à l’auberge sont différents. Ce n’est pas le même trip…
Une préférence entre l’Espagne et le Portugal ? Quel est le pays qui se prête le plus au voyage à vélo ?
Les deux pays sont faits pour les baroudeurs à vélo.
J’ai été très agréablement surpris par la possibilité de faire du vélo dans ces deux pays sur de petites routes très tranquilles, presque même parfois trop tranquilles quand, hors des chemins de Compostelle, on ne voit pratiquement personne dans la journée, des quasi déserts où l’on se dit: « Et si j’ai une panne ou un problème physique ici, je fais quoi?… »
Je n’ai pas de préférence, les deux pays sont faits pour les baroudeurs à vélo. Il y a un indice qui ne trompe pas pour mesurer la tranquillité d’un pays à vélo : c’est celui de la densité de population. L’Espagne et le Portugal sont au niveau de la France, deux fois moins de population et de voitures au km2 que par exemple le Royaume Uni.
Les voitures, comme en France, ont délaissé un réseau secondaire très important devenu un paradis pour les vélos.
En plus, l’Espagne et le Portugal ont beaucoup d’infrastructures rapides, autoroutes et routes nationales réalisées récemment avec l’argent de l’Europe après leur accession à l’UE dans les années 80-90, et donc les voitures, comme en France, ont délaissé un réseau secondaire très important devenu un paradis pour les vélos.
J’ai quand même eu le sentiment que la campagne espagnole pouvait parfois être moche et monotone, notamment après Burgos dans la plaine de Castille et Léon, un genre de Beauce sans eau, mais les villes sont pour la plupart de pures merveilles, avec un immense capital historique et architectural et une ambiance espagnole si particulière et attachante, notamment le soir.
Combien de kilomètres vous faisiez par jour ?
J’ai fait entre 60 et 130 km par jour, distance dépendant de la forme, du dénivelé, du type de revêtement, des arrêts pour visites, etc.
Quelle est la partie de votre voyage que vous avez préférée ?
Les villes espagnoles : Burgos, Zamora, Salamanque, et la côte portugaise, au sud de Lisbonne jusqu’à Sagrès et avant l’Algarve trop envahie par les touristes et autres évadés fiscaux, ont été mes coups de coeurs.
Comment étiez-vous équipé ?
J’ai toujours mon vélo Vagabonde, qui atteint ses 15.000 km de randonnée en 3 ans, et ma tente MSR, que j’ai finalement assez peu utilisée, avec des auberges espagnoles à 10 € la nuit et des hôtels à moins de 30 €.
Votre meilleur souvenir de ce voyage à vélo jusqu’à Huelva ?
Sur le chemin de Compostelle, la fontaine à vin mise à disposition des pèlerins par les moines d’un monastère, est quand même complètement incroyable. C’est forcément un lieu de rassemblement très festif, où j’ai rencontré des pèlerins espagnols, maltais, islandais, etc. J’ai rempli de vin mon plus grand bidon, celui d’un litre.
A quelle période de l’année avez-vous voyagé ? Comment était la météo ?
En septembre et début octobre, il a fait toujours beau, même chaud, sauf le premier jour où j’ai rencontré la pluie à la traversée des Pyrénées. Sinon c’était la sécheresse et la canicule, avec des réserves en eau presque vides, des feux de forêts. En Espagne et au Portugal, le changement climatique, c’est maintenant !
Comment vous vous organisiez pour le logement ?
Compte tenu des prix, j’ai privilégié les auberges du chemin de Compostelle et les hôtels bon marché ailleurs.
Quel budget pour un tel voyage ?
Mon budget a été de 50 à 60 € par jour, parfois un peu plus dans les villes touristiques, pour bénéficier d’un minimum de confort aux étapes.
Quels sont les autres voyages à vélo que vous avez faits ? Lequel est votre préféré ?
J’aime tous les voyages à vélo que j’ai faits. Ils sont tous différents et je ne peux faire un classement entre l’Eurovélo 6, la Vélodyssée, la Mer du Nord, le Canal de Nantes à Brest, la Via Rhona, le Canal du midi et de la Garonne, l’Espagne et le Portugal, etc. De tous je garde de sublimes souvenirs.
Quelle est votre prochaine destination à vélo ?
Mon programme 2018 se précise mais peut encore évoluer. La véloroute du Rhin, les Gorges du Verdon, quelques cols alpins et le tour de Sardaigne seront certainement au programme…
Retrouvez ici le blog de Pascal.
Merci pour ce site et ses nombreux récits qui font rêver
Merci à toi Alex !
J’ai également fait comme vous des grands voyages à vélo. Le Mont Saint Michel,/Saint Jacques de Compostelle. Le canal du midi. Le canal de Nantes à Brest. L’Euro vélo 6. Par la côte de la Vendée à la frontière espagnole. Le tour du Sud de l’Espagne. Le tour de la Bretagne.Tous de merveilleux souvenirs. J’ai maintenant 74 ans et je me ménage un peu (par la force des choses) mais ce n’est pas terminé pour autant. De mon vélo je me sers chaque jour pour faire des courses ou bien des promenades. Avec un autre vélo, des virées de plusieurs jours…. pourvu que cela dure ! Bravo à vous.
Ayant du annuler le périple de Compostelle pour cause de Covid, nous sommes (2 VTC) néanmoins à la recherche d’un pélerin ayant parcouru le camino francès en VTC et ayant l’amabilité de nous faire parvenir : film ou l’itinéraire complet de son parcours. Ce support nous permettra de réactualiser pour 2021 l’itinéraire que nous nous étions fixé entre le 30 Avril 2020 (départ d’Henhaye) et le 15 Mai 2020.
Bonjour Didier. J’ai suivi le Camino Frances en Septembre dernier sur un gravel avec donc quelques passages sur pistes mais en évitant les portions réservées à des VTT ou plus simplement aux marcheurs. Voici le lien pour mon site et ma vidéo: https://les-voyages-a-velo-de-benoit.jimdofree.com/a-l-%C3%A9tranger/saint-jacques-de-compostelle-2020-gravel/